Ce premier octobre, on a profité de la manif pour visibiliser l’occupation d’un bâtiment occupé. L’objectif d’en faire une maison du peuple, ou en tout cas un lieu pour la lutte. L’idée était de profiter de la manif pour permettre au plus grand nombre de venir découvrir et s’approprier cet espace.
Étant donné que les journaux ont donné la version policière de l’histoire, voici notre version, écrite à plusieurs mains, relatant plusieurs points de vue qui se mélangent. Il manque sûrement des morceaux à cette histoire, donc elle sera complétée par la suite si il est besoin !
Récit vu de l’exterieur
14h on passe chercher des tracts à differ dans la manif pour annoncer l’ouverture du squat. On se bouge assez vite, la manif n’est pas en retard. Vers 14h15 les banderoles sont déployées du toit terrasse du squat et les fumi emplissent le ciel, les camardes sont "acclamés" depuis les ramblas, c’est beau !
On s’active pour distribuer les tracts, la manif est déjà sur les boulevards, tout ça se passe dans son dos, la plupart des gens ne voit même pas ce qui se passe donc on donne l’info "un squat s’ouvre, venez vous organisez avec nous !"
Une trentaine de minutes après on est de retour au 7 rue des troubadours, on y trouve déjà 3 keufs qui essaient d’interpeler une personne. On est pas mal à gueuler et leur foutre la pression, et du toit du squat des tuiles sont balancées, alors les keufs relachent la personne. Mais très peu de temps après d’autres baceux se pointent, interpèlent 4 personnes, dont la personne qu’ils venaient de relacher.
On a beau être plus nombreux qu’eux à ce moment là on arrive pas à les en empêcher. Ca commence à sentir pas bon, d’autres keufs arrivent, un commissaire, on comprend qu’ils se mettent en position pour ouvrir le squat. On fait le tour du bâtiment, on essaie de voir comment extraire les camarades par l’avant mais des keufs sont en garde partout, et les grilles nous empecheraient de les sortir rapidement. On comprend que c’est dead, les gens sont deg.
On gueule sur les keufs, des chansons révolutionnaires retentissent. Le bâtiment est ouvert vers 15h15. On reste pour soutenir nos camarades qu’on voit sortir par petites grappes et être mis en camion cellule. On gueule encore plus, des gens dans la rue s’arretent pour demander ce qu’il se passe, et restent pour certains d’entre eux gueuler avec nous. Ca dure le temps que le batiment soit "vidé".
Après ça les keufs perdent patience et nous repoussent sur le croisement, procèdent à des vérif d’identité. La foule s’éparpille. On a le coeur gros mais on sait que nos camarades tiendront le coup, et on est fier que ce moment ait éxisté et que ces banderoles aient pu être déployées en plein coeur de ville !!
Recit des 4 personnnes interpellées
On est 5 au debut (+ une personne qu’on va perdre de vue et qui se fera interpellée plus tard).Les copaine.es du bâtiment nous demandent d’aller derrière pour faire masse et être témoins si les keufs font des dingueries.
Alors on retourne dans la rue derrière. Même pas le temps d’y mettre un pied ou de crier quoi que ce soit, les keufs viennent sur nous et choppent un.e copain.e au hasard, la. tirant, poussant et malmenant de tous les côtés. Ils essayent d’insister pour ouvrir son sac, mais abandonnent parce qu’on leur fout la pression pour qu’ils nous montrent la réquisition qu’ils n’ont pas. Ils relachent la.e copain.e et même pas le temps de souffler que quelques minutes après on se fait nasser sans s’en rendre compte, puis les keufs chargent on et on n’a qu’une seule issue donc on est 4 à être séparés du reste des gens.
Durant la charge, une autre personne parmis nous se fait prendre, plaquer au sol et frapper par pas moins de 3-4 keufs, cette personne reçoit un violent coup à l’entre-jambe qui lui vaudrait plusieurs jours de douleur, et durant plusieurs secondes un genoux se pose sur sa nuque et iel étouffe.
Iel se fait humilier et menacer en plus de la violence que "t’as de la chance que y’avais des caméras sinon on t’aurais tabassé". On est donc seulement trois, séparé.es de tout le monde mais incapable de partir car un de nous toujours au sol.
On les invective, leur crie de la.e relacher, d’arrêter cette violence. La réponse qu’on a est qu’on se fait chopper par des keufs qui foncent sur nous par derrière (qu’on avait pas remarqués) et devant puis nous interpellent violemment.
Pour la même personne qui s’est fait choppé.e et malmenée plus tôt, plaquage au sol, et acharnement, iel se retrouve avec le poignet qui saigne et une grosse bosse sur la main.
On finit embarqué.es et on ne saura les chefs d’inculpation que plus d’1h30 après s’être faits interpellé.es : visage dissimulés sur l’espace publique, groupement en vue de violence, outrage, appel a l’émeute,...
Récit de l’intérieur
On a déployé des banderoles « riposte populaire » , et « tu bosse comme un con ? T’as pas un rond ? Revolution ! », on gueulait des slogans, des fumis sont craqués, une partie de la manif vient à notre rencontre pour soutenir, les slogans se répondent depuis les allées vers le toit de l’occupation ! On invite les gens a rester devant, à nous rejoindre, mais c’est quasiment directement rendu impossible par les flics qui occupent la rue des Sept Troubadours par laquelle il y avait une entrée. Les entrées coté ramblas étaient vérouillées.
Assez vite une quinzaine de baqueux squattent la rue arrière, essayent de nous menacer, pointent leurs LBD vers nous quand on passe la tête par la fenêtre.
Ils ont l’air deter de peter la porte, qui était quand même bien barricadée ! Les entrées sont consolidées, des gens font le guet un peu partout pour voir ce qu’ils font, ils refusent de prendre les preuves qui attestaient de l’ouverture depuis plus de 48H.
Une partie de la manif est restée avec nous pour leur mettre la pression, ils commencent à chopper un pied de biche sur un endroit en travaux à proximité. A l’interieur des gens montent sur le toit, d’autres continuent à mettre en place la stratégie en cas d’arrestation : on déclarera rien , ni sur nous ni sur les autres et on décide de refuser massivement de donner notre identité au cas ou ils nous embarquent. En gros on va pas leur donner de la matière pour nous inculper, et personne va collaborer.
L’ordre leur est donné de s’attaquer à la porte arrière au pied de biche après avoir tenté des entrées par les batiments qui encadrent le notre (on le verra ensuite dans les PV des interpellations ils agissent « en flagrance »). Nous a l’interieur on a du mal de voir tout ce qu’il se passe car se mettre à la fenêtre est difficile vu qu’ils nous visent avec leur LBD.
"Coucou, on arriiiiive !" Peut-on entendre de la part des BACeux qui se trouvent derrière la porte de l’immeuble rue des 7 troubadours.
On se regroupe au premier étage, on sait pas si ils vont reussir à péter la porte mais on décide en tout cas d’être tous ensemble quand si ils rentrent pour éviter qu’une personne isolée se fasse défoncer dans un coin.
Malgré le soutien des gens de la manif, la bac galère puis finit par réussir à défoncer la porte d’entrée au bélier. Ils montent directement à l’étage où se trouvent les occupant-es, alors regroupé-es pour faire bloc et limiter la casse. Les coups de matraques pleuvent contre les personnes en première ligne, des occupant-es sont jetées au sol face contre terre, clefs de bras et insultes à profusion, la BAC se réjouit de "punir la gauchiasse" pour lui faire "passer ses ambitions révolutionnaire".
Les premières fouilles se font intégralement par de gros mascus en manque d’autorité, même envers des personnes MINT (Meufs Intersexe Non-binaire Trans).
Un.e à un.e on se fait menotter, ou mettre des serflexes lorsqu’ils sont arrivés à bout des menottes. Ils vont jusqu’à utiliser nos propres serflexes pour tenter de nous foutre le seum, ça les fait marrer. Puis certain-es se font trainer jusqu’aux bords de la pièce.
Pendant que quelques personnes se font tabasser dans les coins, les autres sont placés en ligne contre les murs. Les BACeux discutent entre eux et se demandant à qui ils vont coller le motif "rébellion" en plus des autres charges, puis se réjouissent de coller ça sur le dos des personnes qu’ils viennent de tabasser.
L’ambiance est tendue mais on sait qu’on est ensemble et on se donne de la force par des paroles réconfortantes et regards entendus. On se glisse les derniers conseils antirep’.
Ils ont tagués des trucs à la bombe de peinture + marqueur (All Comunist Are Bastards).
Des OPJ arrivent. Personne donne son nom, ils ont le seum. Ils signifient les placements en GAV pour dégradation d’un local commercial, violence en réunion contre perspnne depositaire de l’autorité publique et embuscade en bande organisée (d’autres n’auront leur notification que plus tard, une fois arrivé-es au comico). Les premières tentatives de prises de photos illégales ne se font pas attendre.
Par vague, on se fait sortir du bat’ de façon plus ou moins brutale selon le niveau d’énervement du keuf.
Les camions-cellules et voitures de police se succèdent pour venir chercher puis déposer les gardés à vue. On est 32 et on voit bien qu’ils galèrent.
Au comico central, nouvelle fouille avant d’attendre un long moment dans... Leur gymnase (dojo). Évidemment, ils nous laissent pas boire ni pisser. Ils veulent pas qu’on s’approche de leur tatamis, faudrait pas qu’on leur souille, alors venir y frotter la terre des chaussures devient un passe temps revigorant. Petit à petit on reprend de la couleur, on rigole, on se fou de leur gueule et ils ragent dans leur coin. Des serflexes cisaillent les poignets de copaines alors on finit par chanter et gueuler de venir leur desserer. Forcément ça marche moyennement mais ça fait du bien de se tenir soudés dans la galère.
On s’entraide pour surveiller les flics qui essayent de prendre en photo , dès que quelqu’un grille qu’un flic sort son téléphone on prévient en criant "autruche !" et tout le monde se baisse.
Les flics refusent de nous laisser aller au toilettes, une personne pisse par terre dans leur précieux dojo, c’est assez marrant ensuite de les voir marcher dans la flaque !
Puis nous sommes emmener 1 a 1 revoir l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) qui nous pose des questions ou pas forcément (personne ne répond) et qui met inscrit les "infractions" et le reste dans son ordinateur. Et prépare notre dossier et note quel X nous sommes, associé à une photo plus ou moins ratée.
Témoignage individuel d’un-e gardé-e à vue :
Dans le bureau , une opj rentre voir mon opj et lui dit qu’elle sait pas faire quand quelqun est sous x, l’autre opj est venere parce même si il sais faire son logiciel tombe en panne et il tente de le debuguer. Il insiste de laisser la porte ouverte des bureaux, du coup je vois dans le bureau en fasse de moi une autre inculpée, on partage un sourire parce qu’on sais tous les deux qu’on va jamais lâcher.
Il m’ont laisser dialoguer avec mon proche au téléphone, a qui j’ai pus donner le nombre d’arrestation et des infos sur comment ça se passe. J’etait obliger de crier parce qu’elle mentendait pas, du coup tous le monde m’a entendu. L’opj avait trop le seum il dit a mon contact proche, "c’est bon le message est bien passé" et raccroche.
Puis nous sommes emmené dans un escalier ou nous nous retrouvons, 1 opj par gardé a vue, ca fait bcp de monde dans un petit escalier. On mange ce qu’il y a dans les sac, ça arrive que on se fasse arracher la nourriture des mains par les keufs. Mais ils sont obligés de laisser tomber c’est trop fatiguant de lutter contre nous, aux moindres reflexions morales qu’ils sortent ils s’en prennent plein la geule. Ils finissent par faire un bloc d’opj en bas de l’escalier a se plaindre qu’ils vont rater le match du psg et nous au milieu de l’escalier a finir les biscuits et se réjouir qu’on passe 4h de notre gav ensemble.
Témoignage collectif :
Certains voient un médecin, pour certains au milieu de la cage d’escalier à côté de tout le monde.
Puis 2 camarades son emmenés dans un commissariat différents l’un a Tournefeuille et l’autre au mirail ( le commissariat central était trop rempli). Le camarade a Tournefeuille est emmené par des keufs, quand ils cherchent a ouvrir le comico (car fermé cette nuit) font sonner l’alarme du commissariat. Puis il est mis nue / fouillé à nu pour la fouille et placé en cellule. Le camarade seul à Tournefeuille est renvoyé au commissariat central après avoir eu son repas car ordre de rassemblement de toutes les force de police a 22h ( c’est ce qu’on a entendu a leurs radio en faisant le trajet).
Avant d’atterrir en cellule on les observe galèrer à parler de nous par des descriptions physiques à défaut d’avoir nos noms :
"Va chercher celle avec un sweat noir à capuche"
"Heu... Laquelle ?"
Témoignage individuel :
J’ai perdu mon pantalon cause des menottes, je pouvais pas le remettre. Du coup le pantalon que j’avais en dessous ne correspondais pas aux photos qu’ils avaient prises lors de l’arrestation. Un détective vient me voir en cellule et me demande si c’est moi sur sa photo a4 toute flou, je dit que non, et il est trop venere. Sur différent papier je suis des numéros x différents. Je n’ai pas été auditionné ni eu de demande signalétique.
Point de vue collectif :
Ils nous confondent, ne savent plus qui a été auditionné ou pas... Un régal. Ils tentent des coups de pressions, nous disent que ceux qui ont donné leur nom sont déjà sortis etc. Parole de keuf.en réalité c’est faux, excepté une personne mineure dont les parents ont balancé l’identité au commissariat tout le monde sortira en même temps (sauf les personnes à qui ils ont collé des délits particuliers (rébellion, outrage ou jet de projectile).
Point de vue individuel :
La nuit à passé , il commence à être aux alentours de 14h, une rumeur tourne qu’on va être renouvelé de 24h, mais dans l’entretien avec mon avocate commise d’office, elle me dit qu’on risque d’etre renouveler mais qu’on on fera pas les 48h, que on fera que quelques heures de plus, je le crie dans les geole et le mot passe et tous monde est rassurer, on continue de tenir !
Témoignage collectif :
Les conditions sont pittoresques : manques de matelas, attendre des heures pour avoir de l’eau ou aller aux chiottes, bref, une gardav classique. Mais quand une copaine a envie d’aller aux chiottes et que les matons s’en foutent, on est plein à tembouriner aux portes. Ça fait chier les policiers/matons alors ils finissent par venir à l’usure. Ça chante, ça gueule, ça fait des siamo tutti antifascisti.
Les personnes mineurs restés sous x ont été considérés comme adulte "environ 20 ans" noté sur leurs fiches en général.
Toutes les personnes sous X ont en toute logique également refusé de donner leur ADN et signalétique. A la fin les flics de la scientifique n’insistaient même plus, après avoir essuyé de nombreux refus ils ouvraient mollement les cellules des gens en disant "comme les autres tu refuse de donner empreinte et signalétique ? Bon, pas besoin de venir avec nous alors". Comme pour le refus de déclarer quoi que ce soit lors des auditions, le fait d’être nombreux à le faire les decourage à insister plus et au bout de quelques personnes qui refusent ils insistent beaucoup moins auprès des personnes suivantes.
La garde à vue de tout le monde sauf 5 personnes durera 24/25h. On sera 3 , 2 ou seul par cellule, et on ne se gene pas pour gueuler à travers les vitres des cellules et communiquer.
Suite à la sortie au bout de 24h de la majorité des personnes sous X , au moins 4 personnes voient leur garde à vue prolongée. A la suite de quoi 3 personnes sortent convoquées plus tard pour une audition , ou pour des poursuites.
Une personne s’est mangé une nuit en prison à Seysse , puis est passée en comparution immediate le vendredi 4 octobre. Du soutien était présent, les chefs d’inculpation " refus d’adn et signalétique, rébellion". Tous les chefs d’inculpation qui étaient collés a tout le monde initialement ( guet-apen, violence sur personne dépositaire de l’ordre public en bande organisée) on disparu ( on voit bien que c’était juste un prétexte/ un coup de pression pour nous faire céder et parler ). Il a été condamné à 70h de travaux d’intérêt général et 1000e à payer ( pour le prejudice moral des flics ).
Certains points ne sont pas éclaircis dans ce texte car il a été difficile de dénouer et comprendre les enjeux , entre les situations différentes des personnes ( sous X pour la majorité mais pas uniquement , et également des enjeux d’âge), et il etait important de ne pas mettre trop d’infos peu claires / erreures.
Donc a l’heure actuelle des debriefs, analyses sont encore en cours !
A bientôt dans les luttes !
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