Communiqué des occupant.e.s de l’ARRRche à la fac du Mirail

Alors que le ministère de l’Enseignement Supérieur a déclaré l’université "ingouvernable" et décide de la passer sous tutelle du rectorat, nous , occupant.e.s faisons un point sur le mouvement et proposons des pistes pour les jours qui viennent.

A la fac du Mirail, la lutte a de l’allure. Le déclencheur, un projet de fusion des différentes écoles et universités toulousaines (UT2 Mirail, UT3 Paul Sabatier, INP, INSA) afin de former un grand collège universitaire. Un projet dans la pure tradition néolibérale. Un objectif, se spécialiser dans certains domaines de recherches et faire sa place dans l’infame classement de Shangaï. L’opposition à ce projet est déjà ancienne mais depuis décembre et la grève des personnels ainsi que l’annonce de la loi ORE. Aux tractages, envahissement de CA et rassemblements s’ajoute désormais des AG massives (jusqu’à 2 500 personnes) et un blocage de la fac continue depuis le 6 mars.
Nous ne sommes pas naï.ves.fs et savons bien que la fusion et le Plan Etudiant suivent une feuille de route identiques depuis longtemps inscrite dans le Processus de Bologne. Ainsi, lorsque Daniel Lacroix, président de l’UT2M, par sa voix prépondérante tranche en faveur de la candidature à l’IDEX (Initiative D’EXellence), préliminaire à la fusion, c’est grâce aux statuts de l’université instaurés par la loi LRU en 2007. De même, nous ne sommes pas surpris.e.s de voir les réformes de l’université, la sélection, sont défendues par un gouvernement qui propose également une avalanche de réformes néolibérales, une précarité généralisée, une destruction systématique des services publiques et des acquis sociaux. Ces mesures annoncées comme nécessaires ne visent qu’à nous mettre au pas, en marche forcée.
Cravacher pour avoir un Bac. Lutter pour rentrer à la Fac. Galérer pour trouver un taf imbuvable. Suer pour garder son chômage. Poireauter des heures à l’hosto. Faire ses fonds de poches pour payer un ticket de métro.
A mesure que la pression s’accroit, l’Etat affute la répression. Au quotidien c’est la chasse aux migrant.e.s, l’état d’urgence permanent, des dizaines de nouvelles prisons et des flics toujours plus féroces. Voilà ce qu’il faut désormais pour faire tenir une société qui ne tolére plus que l’excellence. Voilà , entre autres, pourquoi nous luttons et occupons l’université du Mirail.

Ce mardi 20 mars, le verdict est tombé : mise sous tutelle de l’université et imminence d’une expulsion policière de l’occupation de l’Arrrche.Ce qu’ils veulent détruire, c’est cette colère qui s’organise, ces espaces arrachés à des exigences qui se cachent derrière l’excellence pour en masquer la rentabilité.
Nous refusons d’être rentables puisque nous exigeons autre chose. L’excellence est ici puisqu’il s’agit de sortir de la torpeur politique qui nous guette : ces hectares que nous fréquentons se réduisent à des trajectoires individualisées par un pécule de compétences. Et bien non ! Nos désirs débordent : plutôt que des murs blancs des mots qui chantent, plutôt qu’une arche un labyrinthe de barricades, plutôt que des tribunes des cercles de parole, plutôt que des plats micro-ondables des récups, plutôt que la morne misère la joyeuse débrouille, plutôt que des carrières de la solidarité, plutôt que des profs des lectures collectives, plutôt qu’une chambre des dortoirs, plutôt qu’une opinion des prises de position.
Ce qui se dessine ici leur échappe, et quand bien même ils déploieraient leur arsenal répressif, nous résisterons, nous nous propagerons, car tout cela à plus de sens que leur injonctions parsemées de critères.

À Toulouse aussi la lutte collective s’organise dans des assemblées non sectorialisées, offensives dans leur essence et ouvertes à toutes et à tous, ou lors des manifestations lorsque deviennent visibles des cortèges de tête qui ont en commun non pas une étiquette mais la volonté d’abolir l’ordre établi.Ce qu’il se passe au Mirail est un combat qui dépasse éminemment le cadre de l’université, c’est un modèle de société qui est en jeu. Un modèle élitiste qui tend à marchandiser le savoir et chaque recoin de nos existences, qui se heurte à une vision du monde où les individus sont libres et affranchis de toute forme d’exclusion.
Un monde qui appartient à tou.te.s et pas seulement à une élite. Un monde où notre capacité à survivre n’est pas conditionnée par la nécessité de vendre son temps et sa force de travail à ceux qui possèdent le capital. Un monde libre. Il ne le sera pas sans révolte.

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  • 22 mars 2018

    Tout va bien, vous avez bien raison, même si ça serait mieux de trouver une solution pour pouvoir faire aussi travailler les étudiants et les enseignants, il y en a qui (comme moi pour exemple) probablement ne seront pas payés pour le travail non assuré (je suis un pauvre vacataire, passionné de mon travail, étranger dans un pays que je ne comprends plus...). Mais vous luttez pour nous aussi. Soyez par contre toujours dans la raison et ne cassez pas. Et surtout, ne demandez pas le 10 à tout le monde pour le semestre, autrement vous tomberiez dans le ridicule.

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