A lire sur l’Envolée - 21 mars 2020
En Italie, il y a eu 14 morts en prison pendant les révoltes ; le dernier est mort dimanche à Udine d’overdose de médocs – ils sont en train de les shooter pour qu’ils restent calmes. Beaucoup de gens considérés meneurs ont été transférés. Il y a 10 cas parmi les détenus d’après la pénitentiaire : au moins 4 chez les médecins et infirmiers qui travaillent en taule et les matons. La proposition de loi faite par le gouvernement prévoit l’assignation à résidence pour les détenu.e.s condamnés à moins de dix-huit mois jusqu’au 30 juin 2020 – mais avec plein de restrictions, notamment pour celleux qui ont pris part aux révoltes ou ont des rapports de discipline ; pour les peines définitives de moins de six mois, bracelet électronique – sauf qu’il y en a pas assez, a priori genre 2 100 ou par là. Ça va faire en gros 3000 libérations, alors qu’il y a un surpeuplement de 15 000 détenus ; de plus, c’est en gros un règlement qui existait déjà. Du coup, pas de vraie solution ni pour le surpeuplement, ni pour les conditions merdiques d’enfermement. À l’intérieur ça reste très tendu ; ça a bougé à Brescia et Turin (nord) où il y a eu des battiture[ça consiste à faire du bruit en tapant sur les barreaux] et des tensions. La situation est tellement tendue que même les présidents des tribunaux de surveillance ont écrit une lettre au ministre de la Justice et au chef de la pénitentiaire pour demander qu’ils sortent un décret-loi pour vider un peu les taules.
« SEULS LES MURS NOUS ENTENDENT »
Lettre d’un prisonnier italien
Prison Madonna del Freddo, Chieti
Bonjour mon amour,
il est 5 heures de matin et je voudrais être dans le lit avec toi, alors qu’en fait je suis otage d’un État barbare et criminel. Le vrai criminel, c’est l’Etat qui, malgré le danger de nous faire tomber malade et mourir, préfère nous entasser dans ce trou que nous renvoyer chez nous pour être avec nos proches. Peut-être pour une idée d’État tout-puissant qui punit, peut-être pour obtenir le consensus populaire, peut-être pour obtenir des votes, il se comporte en vrai criminel, nous gardant en otage contre toutes les lois ; il nous nie tous nos droits. On court le risque de ne plus voir nos proches, ou pire encore, de ne pas sortir vivants de cet enfer. Je te demande de publier cette lettre, parce que depuis des semaines, on essaie de se faire entendre : grève de la faim, on tape contre les barreaux tous les jours avec des mains couvertes de sang, mais à ce qu’il paraît, seuls les murs nous entendent. On demande de rentrer chez nous au moins jusqu’à la fin de l’état d’urgence ; on veut pas la liberté, on veut juste purger notre peine avec dignité. Je suis citoyen italien et je ne demande pas la lune, mais seulement d’être traité comme tel, pas comme de la chair à canon qui attend sa mort impuissant.
J’espère pouvoir t’embrasser bientôt, je t’aime ; tu es ma vie !
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